Après avoir attendu la période propice pour randonner à des altitudes assez élevées sans être gênés par la neige, et après une bonne période d'acclimatation, nous voilà de retour dans l'est du Kirghizistan pour partir à l'assaut de plusieurs cols.
La majorité du pays se situant au-dessus des 2000 mètres d'altitude, on se retrouve très rapidement confrontés à des itinéraires approchant les 4000 mètres d'altitude, voir plus selon les régions.
Ce qui est assez déroutant par rapport à nos Alpes françaises (ou Pyrénées), c'est que la verdure et les arbres sont toujours présents à 3500 mètres. ce n'est qu'au delà, et encore, que les paysages se transforment pour devenir plus rocheux, plus ambiance "haute-montagne". On oublie donc vite qu'on évolue à des altitudes pourtant conséquentes!
Une des randonnées les plus connues du pays est celle menant à Ala-Kul, un lac situé entre 2 cols, et que l'on peut rejoindre soit par la vallée de Karakol soit par celle d'Altyn-Arashan. On peut même faire un tour avec bivouac éventuel au milieu, d'une vallée à l'autre. Logistique trop complexe pour nous, car il faudrait trouver un taxi acceptant de transporter le chien pour retourner à notre point de départ. Et de toute manière, nous apprenons que la randonnée est interdite aux chiens. On fera donc 2 équipes : Gus, notre ami à vélo retrouvé pour quelques jours, et moi-même en aller-retour au lac et Edouard et Svalbard sur un autre itinéraire.
La piste qui remonte la vallée de Karakol est détrempée par les pluies des jours précédents et se transforme rapidement en bourbier. Même si nos capacités de franchissement avec Léopold seraient suffisantes, nous préférons garer sur le bas côté le 4X4 et marcher les 9km restants jusqu'au point de départ officiel de la randonnée. L'occasion de s'offrir une nuit en bivouac au milieu d'une vallée majestueuse, avant de s'attaquer au plus dur le lendemain.
L'itinéraire pour rejoindre ensuite le lac n'est pas très long: 5km. Mais... 1000 de D+ sur cette portion! Autant dire que ça grimpe beaucoup... Sous un soleil radieux, nous attaquons tôt la montée avec Gus. Les 3 premiers kilomètres conduisent à un yurt camp intermédiaire et offrent pour le moment peu de vue. Mais ensuite, nous longeons un torrent qui dévale le flanc de montagne depuis le col, tout en dominant la vallée de karakol. Le spectacle est magique! Et heureusement, car il faut rester motivés pour affronter les 2 derniers kilomètres qui cumulent à eux seuls 500 de D+. Je monte à mon rythme, dans ces murs parfois bien glissants entre terre et roches effritées.
Après une dernière pause ravitaillement avant le dernier assaut, j'arrive enfin au col et aperçois directement en contrebas le lac. Celui-ci est encore gelé par endroit. Il s'étale au milieu d'une cuvette formée par les contreforts rocheux alentours. Quelques pas supplémentaires sur le chemin en direction du second col m'offrent une vue surplombante sur ces eaux bleu laiteuses. Je ne pousse toutefois pas jusqu'au bout, il resterai encore 2 bons kilomètres avant le prochain col et quelques dénivelés au compteur, je préfère garder de l'énergie pour la redescente... jusqu'au 4X4!
Comme prévu, l'itinéraire est fréquenté. Nous croisons plusieurs groupes soient en autonomie soit menés par des guides. La plupart effectuent la boucle en entier et charrient leurs affaires de bivouac dans leurs sacs, un challenge de plus quand au regard de l'effort pour arriver au sommet.
C'est au terme d'une journée éreintante avec tous ces kilomètres parcourus, mais magnifique, que je retrouve avec délice le siège de ma voiture et délace mes chaussures de randonnée...
Désireux de découvrir les sentiers de ce pays hors circuits touristiques, nous avons également rallié un col dans. une autre vallée, culminant à 3900 mètres. Enfin je dis "nous", mais cette fois-ci je me suis arrêtée un peu avant, les 200 derniers mètres étant dans un pierrier assez raide et sur un chemin pas franchement tracé, je me suis un peu dégonflée et ait attendue les garçons et Svalbard juste en dessous.
Mais aucun regret car l'itinéraire en lui-même était déjà incroyable. Peu emprunté, donc parfois relevant plus du sentier de moutons que d'un véritable chemin, heureusement que les cartographies GPS nous ont permis de garder à peu près le cap. Serpentant à flanc de montagne, avec des panoramas à couper le souffle sur le vallon, c'est une des randonnées les plus grandioses que j'ai effectué jusqu'à maintenant.
Une giboulée de neige une fois arrivés sous le col, brutale et de quelques minutes, m'a rappelé que nous évoluions bien en haute montagne mais a finalement laissé place de nouveau au soleil, le temps d'une petite sieste méritée avant d'attaquer le retour.
C'est sur cette lancée de randonnées que nous allons rejoindre maintenant le sud du Kirghizistan, au pied de pics majestueux comme le pic Lénine, culminant à 7134 mètres...
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